Où étiez-vous mardi et mercredi derniers? Difficile de répondre instantanément et avec exactitude à cette question me direz-vous. Vous avez vu passer l’été? Évidemment, comment oublier cette vague de chaleur. Mais plus précisément, comment avez-vous occupé la période du 17 juin au 9 août? Ouf! Laissez-moi réfléchir rétorquerez-vous tout en vous demandant si votre mémoire fait défaut. Et l’an passé, il y a 5 ans, 15 ans, comment se portait votre vie? Et ainsi de suite les années, accompagnées de nombreuses tribulations, se sont enfilées les unes après les autres à la vitesse grand V nous semble-t-il. Heureusement que certains événements ont ponctué des périodes précises de notre existence sinon elle se serait déroulée comme un film visionné en accéléré.
Misère! Mais à quoi ai-je occupé tout ce temps qui s’est écoulé entre deux battements de cils? Me voilà en pré-vieillesse, dubitatif devant la suite des choses, m’interrogeant sur le regard que je porte sur mon âge.
«COMMENT VIEILLIR SANS DEVENIR VIEUX?»
Voilà la genèse du dernier livre de Michel Drucker, l’animateur de «Vivement dimanche» en France : «Il faut du temps pour rester jeune» (Robert Lafond). Âgé de 76 ans, le célèbre intervieweur français a lui aussi été frappé par la vague de fond du jeunisme et a été remercié à cause de son âge il y a 2 ans. Victime du «dégagisme» (dégage mon oncle!), on l’a finalement ramené à l’antenne afin de stabiliser les cotes d’écoute.
N’est pas Michel Drucker qui veut cependant. Ce dernier s’impose un régime de vie très stricte digne d’un athlète olympique pour garder la forme et «la jeunesse» et… son emploi. Et c’est là où j’en suis dans mon questionnement. Comment trouver l’équilibre dans tous ces messages et toutes ces informations qui nous parviennent pour «vieillir» en santé, en beauté, dans la joie, la sérénité, la sexualité épanouie et en grands-parents dévoués. Aussi faut-il rester informés, suivre l’actualité, avoir une opinion et bien manger. Comment puis-je me dissocier de mon âge avec tous ces magazines, publications, blogues et statistiques qui nous courtisent, moi et ma génération du «silver money»? Tout cela n’arrêtera pas le temps. Rien n’arrêtera le temps.
Y a-t-il une vieillesse et une pré-vieillesse à géométrie variable? Je m’explique.
Je vois autour de moi trois clans de personnes âgées de 55 ans et plus.
État d’esprit : Pas question de gaspiller une seule minute de ce précieux temps qu’il nous reste sur terre.
État d’esprit : Ne me poussez pas dans le dos !
État d’esprit : Rien ne sert de se battre avec l’âge. La vie suit son cours.
On ne danse pas tous sur le même pied, mais certaines peurs sont communes aux trois clans, ces peurs hélicoptères (expression empruntée à La Presse+, 20 août 2018) qui planent au-dessus de nos têtes : la maladie, la souffrance physique, la démence, l’abandon dans un quelconque centre pour vieux, l’aide à mourir. Ma marraine, née le même jour que moi, 20 ans plus tôt, est décédée à 67 ans, mon âge actuel, d’une forme d’Alzheimer précoce. Je ne suis pas sans me questionner sur le sujet d’autant plus que ma mère est aussi décédée de la maladie d’Alzheimer.
Je ne me suis pas senti vieillir, je n’ai pas pris le temps, mais je vois et j’entends mon âge. Ma cheville flanche, mon genou craque, mon front plaque. Les photos de mes 30 et 40 ans ne mentent pas. Quelle gueule je faisais!
Mais comme l’écrit si bien Michel Drucker, «la vie reste à venir». Quelle gueule je ferai!
Luc Breton
Analyste en comportements vestimentaires
lucb@lucbreton.com
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