Vous voyagez à bord de votre automobile. Après quelques kilomètres, vous commencez à être à court d’essence. Heureusement, vous pouvez compter sur un voyant lumineux dans votre tableau de bord pour vous en avertir avant qu’il ne soit trop tard. Malheureusement, le corps humain n’est pas équipé d’un tel signal d’alarme pour nous indiquer d’une faible masse musculaire pouvant limiter votre autonomie. Ce serait pourtant bien utile, notamment pour les personnes âgées chez qui la quantité de muscles est généralement moindre. Une faible masse musculaire n’est pas non plus facilement identifiable puisqu’il n’existe pas de méthode précise pour le diagnostiquer. Pour mieux comprendre le phénomène et pour estimer le nombre de Canadiens âgés non institutionnalisés vivant avec cette condition, un groupe de chercheurs s’est penché sur la question en utilisant trois ensembles de critères internationalement reconnus.
Comprendre le phénomène: un défi pourtant costaud
Ce phénomène est ce qu’on appelle la sarcopénie. En fait, la sarcopénie est une condition caractérisée par une faible quantité de muscles qui s’accompagne d’autres symptômes tels qu’une perte de force. Cette condition est associée à plusieurs conséquences négatives, telles qu’une augmentation des coûts de santé, une diminution de l’autonomie, un risque accru d’hospitalisations, de fractures et de chutes. Malgré les conséquences importantes, nous ne savons pas combien de Canadiens vivent avec cette condition, et ce, en raison d’un manque d’éléments clairs sur lequel baser un diagnostic. Cette problématique est connue depuis peu et la nécessité d’établir un consensus entre les trois propositions actuelles est primordiale. Les trois ensembles regroupent des critères associés à la quantité de muscles, mais aussi des critères de fonctionnalité tels que la force et la vitesse de marche.
Un groupe de chercheurs dans lequel figure Isabelle Dionne, chercheuse de la Faculté des sciences de l’activité physique à l’Université de Sherbrooke, a cherché à dresser un meilleur portrait de la santé de nos populations vieillissantes au Canada. Pour ce faire, les chercheurs ont harmonisé les trois principales propositions actuelles permettant de déterminer la présence de sarcopénie chez les individus âgés. Le groupe de recherche a analysé des données récoltées chez plus de 12500 Canadiens âgés de 65 ans et plus.
Bonne nouvelle! Les résultats ont révélé une faible prévalence de la sarcopénie chez les Canadiens âgés, et ce, même chez les individus les plus âgés, soit ceux de 70 ans et plus. Les résultats suggèrent que la proportion d’hommes canadiens âgés vivant avec cette condition est faible, soit entre 0,2 % et 5,2 %. La prévalence serait sensiblement la même chez les femmes, variant entre 0,2 % et 7,2 %.
Une définition plus musclée est toutefois nécessaire puisqu’actuellement, le manque d’harmonisation entre les définitions ne nous permet pas de dresser un portrait juste de la sarcopénie. Certains ensembles de critères sont trop sensibles et classent des individus en bonne santé comme étant sarcopénique tandis que d’autres ne le sont pas assez et ne détectent pas tous les cas dans une population. Un peu comme si votre voyant lumineux vous indiquait que vous êtes à court d’essence de façon arbitraire.
L’entrainement musculaire : une force silencieuse
Pour faire le plein de muscles, il faut y mettre de l’huile de coude ! L’entrainement musculaire s’avère un puissant stimulant permettant de garder la forme, indépendamment de son âge. Que ce soit pour maintenir un poids santé ou pour conserver les muscles sur votre véhicule, vos prochaines séances de sport vous aideront certainement à rester dans la force de l’âge.
Philippe St-Martin, B.Sc.
Étudiant à la Maîtrise en sciences de l’activité physique Cheminement de type recherche en kinésiologie, santé et vieillissement Université de Sherbrooke, Centre de recherche sur le vieillissement
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